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PROPOS de FRANZO JEAN sur « MADIGRA PAY BANNANN » (Feuilles de bananier /Banana leaves) dans le CARNAVAL DE JACMEL, HAÏTI.



Ce groupe n’existait pas avant. C’est moi qui l’ai créé. Quand j’étais petit, je courais toujours derrière tous les groupes du carnaval. Alors, je me suis entretenu avec quatre amis, leur disant que je trouvais qu’il manquait quelque chose au carnaval. Nous avons décidé d’ajouter ce petit nouveau quelque chose à la longue liste des personnages vénérés du carnaval tels que Zèl Matiren, Chaloska et Lansèd Kòd. Donc, nous nous sommes réunis en 1979 pour fonder ce groupe dénommé Pay Bannann.


Le costume est essentiellement constitué d’énormes feuilles de banane qui nous recouvrent de la tête aux orteils. Nous les attachons à nos corps et nous devenons des feuilles de banane géantes et ambulantes. Nous circulons dans la ville et – pour le dire sincèrement – nous harcelons la population de Jacmel. Les gens dans la rue ne veulent pas que les feuilles de banane se frottent à eux vu qu’elles sont très rugueuses et sales en apparence. Donc ils essaient de nous éviter. Mais nous essayons de bloquer les gens et les voitures jusqu’à ce qu’ils nous nous donnent un peu d’argent. Une fois que les feuilles de banane vous arrêtent, vous ne pouvez circuler qu’à condition que vous donniez de l’argent.


Dans notre parcours de la ville, nous chantons une petite chanson : « Nou pa gen alimèt / Mete dife ». Les gens répondent : « Mwen gen alimèt ». Alors, ils fouillent dans leurs poches et donnent un peu d’argent. Puis nous continuons notre chemin. Quand nous sommes fatigués de cette chanson, nous en avons une autre : « Men abitan yo / Men moun nan mòn yo ».


Il fait tellement chaud sous ces feuilles que nous ne pouvons rester dans la rue que pendant un

maximum de deux heures et demie. Après nous devons arrêter. Nous ne pouvons pas enlever toutes les feuilles d’un seul coup, car comme ça, nous tomberions malades à cause du brusque changement de température. Par conséquent, nous nous rendons au bord de la mer où il y a une brise rafraîchissante. Nous exposons nos feuilles au vent avant de les enlever très lentement l’une après l’autre.


J’ai un ami qui joue le rôle du Jwiferan. Après une longue journée de représentations, il retourne à la maison et s’étale sur le lit avec sa longue barbe pendant un bon moment – sans enlever le costume- avec une serviette mouillée sur le front. Puis il boit une tasse de thé de gingembre – et c’est alors seulement qu’il enlève sa barbe et tout son costume. Pour vous dire à quel point nous devons être précautionneux.


In « KANAVAL: Vodou, Politics and Revolution on the Streets of Haiti », p.104. Photography and Oral

Histories by Leah Gordon. London: Soul Jazz Publishing, 2010.

Traduit de l’anglais par Wilson Décembre, Ph.D.

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